De : Mathieu Bruc [mailto:mathieu.bruc@gmail.com]
Envoyé : dimanche 9 février 2014 20:58
À : Magali
Objet : Re: Retour VEM5
Coucou Magali,
Bon j’ai bien fait de t’envoyer ce mot car ce n’est pas non plus dans mes habitudes d’être hypocrite notamment avec mes amis.
Et je préfère aussi que les choses soient dites, surtout quand il y a visiblement d’avantage d’interprétation par rapport au véritable fond de ma pensée.
Si je remet dans le contexte, on m’a demandé d’intervenir pour apporter un regard extérieur sur l’hébergement collaboratif et comment les institutionnels du tourisme pourraient s’en inspirer pour intégrer les bonnes pratiques dans leur stratégie de commercialisation.
Cela va s’en dire que je me dois aussi de le faire en toute objectivité.
Si l’on aborde l’hébergement collaboratif dans un atelier sans parler du leader mondial, je pense que le public n’aurait pas compris.
En préparant mes diapos, avec le peu de temps disponible, la présentation de la boîte à outils Airbnb pour les hébergeurs m’est apparu comme un bon angle d’attaque et fil rouge pour ne rien oublier.
Même si certains services comme le SAV ne fonctionne peut être pas dans les règles de l’art (tu me l’apprends) ils ont quand même le don d’enjoliver la réalité pour mettre en confiance le client.
Je ne dis pas que Bedycasa et autres n’offrent pas les mêmes services, mais ne serait ce qu’en termes de communication, la page de présentation Hôtes sur Airbnb est remarquable.
Bref, loin de moi l’idée de faire la publicité pour Airbnb mais plutôt de souligner comment le leader mondial travaille son développement en s’appuyant principalement sur ses hébergeurs avant même de s’adresser au client, ce qui est tout à fait inspirant pour les institutionnels à mon sens.
Crois moi, j’aimerais qu’il en soit autrement, que les entreprises françaises soient d’avantage prises en considération, notamment par les investisseurs.
Pour la petite histoire, j’avais aussi croisé le fondateur de Wipolo (concurrent de Tripit) qui me racontait les mêmes difficultés avec son outil pourtant performant et tout à fait concurrentiel.
Par ailleurs, comme tu avais une tribune toute à toi, je n’avais pas de réelles inquiétudes à ce que Bedycasa soit bien promue.
Après il n’y a pas d’illusions à se faire, ce n’est pas le public de ce genre de manifestation qui fera que demain il y aura plus de résas sur Bedycasa, ni qu’un tel en parle ici ou là, c’est quand même le client qui décide au final !
Et quand je vois les deux liens Users Reviews que tu m’en envoyé, d’une part je suis assez surpris et d’autre part j’ai envie de dire : tant mieux et bravo !
Même si je ne peux pas m’empêcher de penser qu’avec leur force de frappe, ce que met en place Airbnb pour faire monter en qualité les hébergeurs et surtout l’accueil et l’hospitalité, va sans doute orienter progressivement les avis clients vers une opinion plus positive du service.
Je pense aussi que ton témoignage engagé était bien plus impactant que mon constat analytique beaucoup plus factuel, comme de toute façon je n’ai pas d’actions ni d’intérêts particuliers chez eux, je reconnais juste leurs qualités notamment en termes d’accompagnement auprès des hébergeurs.
J’ai vu deux personnes après l’atelier qui ont souligné ton dynamisme et ton engagement. Aussi que cela faisait du bien de voir une fille dans le paysage e-tourisme. Je partage évidemment même si pour moi le débat « misogyne » est hors propos. La personne et ses qualités sont bien plus importantes que le genre. Bref, de nos amis et connaissances communes, tous tiennent le même discours à ton égard, sans compter sur ton sourire et ta persévérance comme un moteur dans cette belle aventure.
Au delà de VEM, dès que je peux, j’essaye de mettre en avant Bedycasa, notamment le dernier article sur les OTA où l’on s’était appelé d’ailleurs.
Alors ne soit pas trop impartiale avec moi.
Je crois aussi à une certaine intégrité dans cette activité de blogueur (même si ce n’est pas toujours évident, je ne le cache pas).
De dire les choses quand elles sont bien en priorité et cerise sur le gâteau si ce sont des amis qui en sont à l’origine.
J’essaye de m’appliquer cette règle de base pour maintenir une certaine crédibilité.
Côté personnel, j’avoue honteusement avoir voyagé à Amsterdam avec Airbnb mais je regarde en ce moment pour un logement à Paris… aussi sur Bedycasa pour tout te dire !
Sur le volet financier de l’affaire.
C’est un peu ce que je constate et que je dénonce avec les « précurseurs » et les « pervertis » (voir intro de l’article Panorama des sites de voyage collaboratif). En gros, des entreprises néo libérales qui surfent sur les valeurs du collaboratif, avant tout pour faire du profit délaissant au passage certaines valeurs, ou tout du moins en les intégrant au marketing…
Même le couchsurfing semble en proie de passer vers un modèle économique.
Finalement le modèle capitaliste semble l’emporter sur les valeurs intrinsèques du mouvement, c’est moche.
Il est clair pour moi que l’hébergement collaboratif est une affaire d’argent (qu’est ce qui ne l’est pas aujourd’hui ?) même si certains comme toi font tout pour que les valeurs humaines perdurent.
C’est seulement mon avis de petit observateur du e-tourisme loin des préoccupations d’une chef d’entreprise confrontée au quotidien avec toutes les problématiques et questionnements en termes de développements et d’objectifs.
J’ose espérer que la réalité est plus positive.
Une longue mise au point, nécessaire et sincère.
Du fait que l’on doit parfois jongler entre objectivité et amitié.
J’espère t’avoir rassuré sur le véritable fond de ma pensée.
Je comprends que le chemin n’est pas facile et que tu puisses parfois douter.
Je comprends aussi que ce sont des choix qui se font au détriment un peu de ta vie personnelle.
Tout le monde reconnaît ta conviction et salue unanimement ton investissement.
Des décisions que tu dois prendre à courts termes, compte tenu de ton parcours jusqu’ici, ton choix final sera sans doute le meilleur.
Le seul conseil que je puisse te donner c’est de prendre suffisamment de recul pour bien analyser ce qui est important pour toit de ce qui l’est moins.
Longue vie à toi et Bedycasa, d’une manière ou d’une autre 😉
C’est tout le bien que je te souhaite !
Amitiés et bises,
Mathieu
Le 8 février 2014 19:04, Magali <magali@bedycasa.com> a écrit :
Je sais Math…je ne vais pas te dire que je n’ai pas été touchée ; ça serait te mentir ou être hypocrite et ça ne me ressemble pas ; c’est clair que ça fait mal de voir que même ses propres amis mettent autant en avant Airbnb jusqu’à le vendre auprès d’un public juste à mes côtés….
Bref, tant pis, j’ai l’habitude tu me diras …
Le + dur est que j’essaie tjs de me remettre en question et je me dis :’mais qu’aurais-je pu faire rétrospectivement pour que Mathieu se rende compte que ce qu’il a présenté (commentaires, vidéos hébergeurs etc) existaient sur Bedy avant même Airbnb…Comment faire en sorte qu’il se rende compte par lui-même que le SAV chez eux ne fonctionne pas ou très peu ou que par réponse automatisée et que leur vrai SAV d’urgence est délocalisé en Asie et à Dublin ? Comment lui montrer que je suis sincère dans ma démarche et que je continue à aller dormir chez l’habitant à chacun de mes déplacements, que je passe du temps avec eux et que mon équipe fait de même…
Peut-être les clients eux-mêmes peuvent déjà commencer à apporter la réponse ? : http://www.trustpilot.fr/review/www.bedycasa.com
http://www.trustpilot.fr/review/www.airbnb.com
et plus globalement, comment faire en tant qu’entreprise française pour démontrer qu’on peut réussir face à un américain tout en conservant ses valeurs si tout le monde prend l’exemple de l’américain alors que Bedy était là avant et que nous sommes aussi en train de faire une très belle croissance …? C’est peut-être pour cela qu’il n’y a pas de Google, Yahoo ou Facebook en France ; c’est bien connu, les gros poissons mangent les petits…Et là, tu vois, je dois prendre une décision sur 1/levée 2/pas levée 3/rachat par un concurrent et la réponse est déjà attendue….
Quand je suis partie de St Raphael et que le concurrent m’a appelé, franchement, sur le coup, j’étais prête à céder….Parfois je me dis que tout ce que je fais ne sert peut-être pas à grand-chose au final car ça tombera dans d’autres mains bien plus intéressées par le pouvoir et par l’argent que par mes valeurs…Alors, à quoi bon passer 7j/7 à travailler et à ne pas avoir de vie depuis ces 7 dernières années ? Tu peux me le dire toi ?….
Désolée mais je dis ce que j’ai sur le cœur à un ami…
Bon we Math,
Mag
De : Mathieu Bruc [mailto:mathieu.bruc@gmail.com]
Envoyé : vendredi 7 février 2014 19:14
À : Magali Bedycasa
Objet : Retour VEM5
C’était sympa de se revoir ! J’espère que tu m’en veux pas d’avoir pris le cas de Airbnb comme exemple ? C’était pour le cas d’école pas pour faire de la pub hein 😉 Bravo pour ton intervention et motivation sans faille dans ton bébé 😉
Bises
Mathieu
Lilibelleweb 